Format de poche
#99



Exposition du 19 décembre 2019 au 11 janvier 2020
Vernissage le mercredi 18 décembre de 18h à 21h
Fermeture le 25 décembre ainsi que du 2 au 4 janvier


Tout travail d'artiste repose sur des pratiques et des postulats plus fragiles qu'ils n'en ont l'air.
De leurs projets, de leurs réalisations, les artistes transmettent la possibilité que toute chose puisse à un moment devenir autre.
De nécessités en contingences, les oeuvres sont ainsi en permanente mutation.
Au cours de la création et des expériences menées, chacun des artistes peut avoir senti que ces recherches et productions dévient, cherchent et proposent de façon fortuite des formes inattendues mais possibles.


Art numérique 3
vers l'algorithme
#98



Exposition du 5 au 14 décembre 2019
Vernissage le mercredi 4 décembre de 18h à 21h

Vers l’art algorithmique

Dans le domaine de l’art numérique, il existe une pratique utilisant des algorithmes. En termes simples, un algorithme est une suite de règles et
d’opérations qui permet de résoudre un problème sous une forme formalisée.
Leur usage précède l’apparition des ordinateurs. Un des pionniers de l’art
géométrique, Roman Verostko, affirme que le motif géométrique arabe pourrait
avoir été créé avec un tel système.
Si certains artistes plasticiens utilisent des logiciels graphiques tels que
Photoshop ou Illustrator pour travailler plus efficacement, le plus souvent comme extension du travail manuel, d’autres les utilisent de façon plus systématique.
C’est déjà le début de l’art algorithmique. D’autres encore ne se contentent
pas des logiciels du commerce, mais il est alors difficile d’utiliser leurs outils
sans connaissances informatiques. Enfin, il y a des artistes numériques
informaticiens qui ne rencontrent pas de difficulté pour la création numérique
en utilisant des algorithmes complexes.
Tous les types de cet art numérique figurent dans la 3e exposition d’art numérique à la Galerie Abstract Project. Si vous y prêtez attention, vous pourrez constater l’évolution de l’usage des algorithmes. Quelques travaux collaboratifs exposés montrent aussi l’efficacité du partage des pratiques. J’ai proposé à des artistes n’ayant jamais utilisé un ordinateur pour leurs travaux de participer à cette exposition car j’ai pensé qu’il y avait déjà une notion d’algorithme dans leurs oeuvres.
En conclusion, je remercie en particulier Carol-Ann Braun, Alain Longuet et
Stéphane Trois Carrés d’avoir présenté des artistes numériques. Ils enrichissent
notre exposition et proposent aux visiteurs une réflexion sur plusieurs aspects
de l’art numérique en collaboration avec d’autres exposants.


Jun SATO


Frontières
Mar Daines
#97

Exposition du 21 novembre au 30 novembre 2019
Vernissage le mercredi 20 novembre de 18h à 21h

Dans mes installations, sculptures et peintures, j'utilise des matériaux différents
comme la pierre, l'argile, le métal, le bois, des matériaux de récupération ainsi
que la peinture et le collage. Ainsi je peux expérimenter constamment, éternelle
étudiante et exploratrice de l'Abstrait.
Le temps et l'espace sont mes champs de recherche. J'essaie de minimiser le
rationnel. Mes oeuvres se font sans idée intellectuelle préconçue, un geste en
appelant un autre, dans un travail de restitution inconsciente des nombreuses
cultures et frontières que j'ai expérimentées et traversées.
J'ai grandi en Colombie et j'ai ensuite vécu dans différents pays d'Amérique du
Sud, du Proche-Orient et d'Europe.
Intéressée par le travail en collaboration avec d'autres artistes, je participe
à plusieurs projets en communauté. Notamment une résidence artistique au
Sénégal en janvier 2019. Je suis membre actif du Global Art Project*, un collectif international rassemblant 60 artistes de 17 pays.
Ce collectif travaille à des projets artistiques interdisciplinaires qui cherchent à
promouvoir l'inclusion dans la diversité culturelle, géographique, ethnique, etc.
Ma dernière exposition avec Global Art Project fut à Gand en septembre dernier
le thème était « Crossing Borders » et j'ai exposé une installation reflétant les
migrations actuelles.
Après des études d'Histoire de l'Art à Rome, j'ai suivi des cours de Beaux-Arts
à la FAAP (Fundaçao Armando Alvares Penteado) à Sao Paulo au Brésil, ainsi que plusieurs ateliers en France et aux États-Unis.
J'habite et travaille actuellement en France.

www.mardaines.com
*https://globartproject.wixsite.com/globalartproject-art



Architecte-Artiste
#96

flyer

Exposition du 7 novembre au 16 novembre 2019
Vernissage le mercredi 6 novembre de 18h à 21h

Architecte-Artiste ?

La question ne se posait pas il y a encore cinquante ans, mais la spécialisation
du système éducatif a séparé ce qui était naturellement uni depuis des siècles.
C'est pourquoi la question est maintenant de plus en plus souvent soulevée :
les architectes sont-ils des artistes ? L'architecture est-elle un art ?
Question et discussion qui ont leur place à Abstract Project, « lieu de création
et de réflexion... ».
Il est indéniable que les arts plastiques et l'architecture ont toujours été
intimement liés et restent inséparables et interagissants. On peut demander
leur point de vue aux architectes, en oubliant les a priori. Les réponses seront
variées et la discussion enrichissante.
À propos des architectes-artistes, on ne peut que répéter que le phénomène n'est pas nouveau et qu'on le rencontre tout au long de l'histoire de l'art. On trouvera, si l'on est intéressé, dans le livre de Vasari « Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes », les noms et oeuvres de ses nombreux contemporains géniaux et polyvalents comme Brunelleschi, Leonardo da Vinci, Michel-Ange, Giotto ou Vasari lui même.
À notre époque, dans la formulation des cinq principes essentiels de l'École
du Bauhaus, Gropius souligne lui aussi « l'Unité fondamentale des trois disciplines : peinture, sculpture et architecture ».
Et l'on citerait, sans chercher beaucoup, les noms de beaucoup de contemporains illustrant cette même universalité, comme Theo Van Doesburg, Le Corbusier, El Lissitsky ou Zaha Hadid.
Les artistes présentés ici ont comme point commun d'être tous architectes,
mais ils viennent d'horizons différents : Japon, Équateur, Chili, Venezuela,
États-Unis, Russie, Suisse, Italie, France, ce qui ne peut que favoriser les
échanges.

David Apikian

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Form and Intent
#95

Exposition du 24 octobre au 2 novembre 2019
Vernissage le mercredi 23 octobre de 18h00 à 21h00

L’exposition, Form and Intent, a été conçue en relation avec la Biennale
Internationale d’Art Non Objectif, fondée par l’artiste français Roland Orépük
en 2011. De septembre à novembre 2019, dix-huit artistes internationaux
présenteront leur travail à la cinquième biennale de la ville de Pont-de-Claix.
Grâce aux efforts de Roland Orépük, le mouvement contemporain d’art non
objectif a trouvé l’un de ses premiers espaces formels d’exposition.
Lors d’un échange amical entre Roland Orépük et Billy Gruner pendant la
Biennale de 2017, l’idée est née d’organiser des expositions satellites durant
les deux années qui séparent les biennales. L’objectif principal était d’unifier,
de promouvoir et d’accroître la visibilité du mouvement. Dans cette optique,
Billy Gruner a fondé le projet Reductive Non Objective Project (RNOP), un portail de médias sociaux destiné à la production d’expositions d’art contemporain à l’échelle internationale.
En prévision de la 5e biennale, plusieurs expositions satellites ont eu lieu de par
le monde, organisées en coordination avec RNOP et des commissaires locaux.
Un grand nombre de ces initiatives et de nouveaux lieux d’exposition ont été
reconnus comme faisant partie du mouvement. Form and intent est une des
dernières expositions satellites de la Biennale 2019.
Rodchenko fut le premier à utiliser le terme « non objectif » comme titre de
ses tableaux, terme repris plus tard par Malevitch. Aujourd’hui les artistes
non objectifs se réclament du constructivisme, du suprématisme, de De Stijl
et du Bauhaus. Initialement, les oeuvres ont été construites avec des formes
géométriques et une palette de couleurs réduite, sans aucune référence au
monde perçu afin de créer un nouveau monde esthétique et une utopie sociale.
Historiquement, on doit également associer l’art non objectif à l’art concret, à la peinture hard-edge, à l’art minimal, à l’Op Art et à l’art cinétique. Ainsi l’esthétique non objective se caractérise par l’hétérogénéité des pratiques qui font référence au modernisme, mais dans un champ élargi.
L’art non objectif reste rétinien. Toutefois il s’implique à présenter dans l’espace public, en lien avec l’architecture, par l’expérimentation avec des matériaux inhabituels, à questionner le statut de l’objet d’art et ses relations avec les spectateurs.
L’esthétique non objective a toujours procédé par réduction, clarté, formes
primaires et composition simplifiée. Les artistes non objectifs se réfèrent
aujourd’hui à cette histoire tout en créant un nouveau langage impliquant
l’engagement et l’interprétation de leur environnement quotidien culturel et
social. Ils poursuivent non seulement leur activité artistique, mais également
les activités de commissariat, de développement théorique, de mise en réseau
internationale et de gestion de centres d’exposition.
En développant un espace de possibilités d’échanges internationaux, ce réseau
peut être considéré comme jouant un rôle parallèle à celui d’une utopie dans les
mouvements fondateurs.
Les artistes non objectifs participent de manière démocratique à un important
réseau international et organisent souvent des expositions en dehors du système
de galeries commerciales. Cette pratique permet des rencontres, des amitiés et
des échanges critiques qui enrichissent le réseau. Ainsi, chaque exposition peut
élargir le concept, le rendre plus dynamique et plus ouvert.
Par rapport aux artistes du siècle dernier, les artistes de cette exposition sont
plus explicitement centrés sur le spectateur et sur la manière dont leur travail
sera perçu et interprété. Certains utilisent la technologie numérique comme
un outil parmi d’autres pour produire leurs travaux, souvent combinée à des
processus analogiques. D’autres laissent des traces de la main dans des
formats systémiques et des structures répétitives, qui organisent leur peinture.
Ils travaillent contre les formats et les supports traditionnels pour élargir les
possibilités de forme et de sens. Leur travail est influencé par les conditions
sociales ou naturelles et y fait référence, sans pour autant devenir représentatif.
Certains artistes dans cette exposition font déjà partie du réseau international
d’art non objectif et les autres ont été inclus plus récemment. Grâce à la
participation grandissante de nouveaux artistes, le réseau se répand dans le
monde entier et le concept s’élargit.

The exhibition, Form and intent, was conceived in relation to the Biennale
Internationale d’Art Non Objectif, founded by French artist Roland Orépük in
2011. From September to November of 2019, eighteen international artists will
be showing their work in the fifth Biennale in the city of Pont-de-Claix. Through the efforts of Roland Orépük, the contemporary movement of non-objective art found one of its first formal exhibition spaces.
During an amicable exchange between Roland Orépük and Billy Gruner at the
2017 Biennale, there emerged the idea of satellite exhibitions to occur in the two years between biennales. The main goal was to unite, to promote, and to increase the visibility of the movement. With this intent, Billy Gruner founded Reductive Non Objective Project (RNOP) as a social media portal to produce contemporary arts shows internationally.
In anticipation of the 5th Biennale, several satellites exhibitions have been held through coordination with RNOP and local curators all over the world. Many of these curatorial organizations have become recognized as part of the movement.
Form and intent is one of the last satellites of the Biennale 2019.
Rodchenko was the first to use the term «non-objective» as the title of his paintings, a term later taken up by Malevich. Thus, constructivism, suprematism, De Stijl, and the Bauhaus are at the foundation of this aesthetic. Initially, the works were built with geometric shapes and a reduced color palette, without any reference to the perceived world in order to create a new aesthetic world and a social utopia.
Historically, we can also associate the non-objective with concrete art, hardedged painting, minimal art, Op Art, and Kinetic art. Currently, the non-objective aesthetic is characterized by heterogeneity of practices that reference Modernism but in an expanded field. Non-objective art remains retinal, however, it is now invested in an engagement with public space and architecture, experimentation with unusual materials, and questions regarding the status of the art object and its relationship with the viewer.

The non-objective aesthetic has always proceeded by simplification, reduction,
clarity, primary forms, and streamlined composition. Non-objective artists today refer to this history while creating a new language that involves the engagement and interpretation of their everyday cultural and social environment. They pursue not only their artistic activity, but also the activities of curating, theoretical development, international networking, and the management of exhibition centers. By developing a space for international exchange and opportunities, this network can be seen as playing a role parallel to that of a utopia in the founding movements.
The non-objective artists participate in an important international network in a
democratic way and often organize exhibitions outside of the official gallery
system. This practice allows for relationships, friendships, and critical exchanges that enrich the network. In this way, each exhibition can expand upon the concept, making it more dynamic and open.
As compared to artists of the past century, the artists in this exhibition are
more explicitly focussed on the viewer and how their work will be perceived and interpreted. Some use digital technology as one tool among many to produce their work, often combined with analog processes. Others leave evidence of the hand within systemic formats and repetitive structures that organize the painting.
They work against traditional formats and supports to expand the possibilities of from and meaning. Their work is influenced by and makes reference to social and natural conditions without becoming representational.
Some artists in this exhibition are already part of the international network of
non-objective art and the others have been included more recently. Through the inclusion of new artists, the network is spreading worldwide and the concept is enlarging.


Bogumila Strojna

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RVB [3/3]
Bleu
#94

Exposition du 10 octobre au 19 octobre 2019
Vernissage le mercredi 9 octobre de 18h00 à 21h00

VERBE
L’informaticien dit que le RVB est le plus simple des systèmes pour décrire la
couleur. Assembler trois longueurs d’onde de bases, Rouge, Vert et Bleu pour
obtenir le Blanc de la lumière, mais la moindre imperfection ou décalage fait
naître les couleurs négatives – étrange paradoxe – du Cyan Magenta Jaune et
Noir de l’imprimerie. Et quand le RVB s’associe au Jaune, il devient le RVBJ
s’échelonnant sur une échelle qui va du blanc au noir, l’espace perceptif du
Natural Colour System accordant alors une multitude de systèmes imparfaits
au L*a*b*CIE 1976.
Découvert dans les années 1930, la colorimétrie CIE et ses équations ont fait
basculer toutes les théories anciennes de la couleur du côté de l’esthétique.
Fausses en science, elles deviennent vérité relative et temporelle, rangée en une
ligne du blanc au noir au XVIe siècle, en triangle au XVIIIe siècle, en roue au
XIXe siècle, en contrastes simultanés au XXe siècle, en espace riemannien aux
courbes topologiques au XXIe siècle. Pendant un siècle, les peintres parisiens
ont privilégié la valeur, c’est à dire la quantité de gris dans la couleur, pour
permettre une reproduction la plus juste en noir et blanc. Mais d’autres solutions sont apparues, la couleur peut être parfaitement reproductible à condition de n’utiliser qu’une gamme simplifiée et limitée à mille couleurs données : Pantone.
Alors que la chimie de la couleur référencée dans le Colour Index, par une
succession de découvertes a fait passer la pratique de 3 000 pigments en 1920
à 40 000 aujourd’hui, ouvrant le champ des possibles en une sorte de vaste
« terra incognita » de la saturation. L’oeil de l’artiste les discrimine par le R,
le V, le B à travers ses cônes. Le cerveau lui les assemble et invente les couleurs.
Faire une exposition qui affronte le RVB, c’est demander aux artistes de nous
présenter, comment elles et ils pensent la couleur, leurs couleurs, comment
elles et ils la réfléchissent entre indice et symbole : Rouge sang de l’interdit,
Vert du possible à tribord, Bleu de l’obligation, Jaune couleur de l’infamie, de
Naples ou « Espagnol malade ». A noir E blanc I Rouge U Vert O Bleu… Voyelles…
ER VE BE verbe et action des peintres, débarrassés de la question du coloris
naturaliste par l’abstraction, pour penser la Perception.


Erik Levesque
Étretat, le 14 avril 2019


Les Alliances
Christine Boiry - Julie Brooke - Susan Buret
Peter De Lorenzo - Bogumila Strojna
#93

Exposition du 26 septembre au 5 octobre 2019
Vernissage le mercredi 25 septembre de 18h00 à 21h00

Quand j’ai demandé à Christine Boiry, Julie Brooke, Peter De Lorenzo et
Bogumila Strojna de me rejoindre pour cette exposition, j’étais consciente de la
longue alliance des artistes australiens et français autour de l’art non objectif.
Cette alliance s’est renforcée à chaque exposition, avec de nouvelles amitiés,
de nouveaux savoirs et dialogues. Tous les artistes qui se retrouvent pour
Les Alliances n’ont pas encore exposé ensemble. Cependant, ils participent au
dialogue en cours sur les médias sociaux et, dans ce groupe, se trouvent une
série d’affinités de longue date. Ces artistes sont tous liés par un fort intérêt
pour la forme, la couleur et les matériaux.

When I asked Christine Boiry, Julie Brooke, Peter De Lorenzo and Bogumila Strojna to join me in this exhibition, I was mindful of the long-standing alliance between Australian and French artists working in the reductive non-objective genre. With each exhibition the alliance grows stronger with new friendships, knowledge and dialogues.
Not all of the artists in this exhibition have exhibited together before. However, they are part of the ongoing dialogue on social media and, within the group, there are a series of long-standing alliances. All the artists are united by a strong interest in form, space, colour and material.


Susan Buret, juillet 2019
Traduction Christine Boiry

 

Juan-Carlos Zeballos-Moscairo
#92

Exposition du 12 au 21 septembre 2019
Vernissage le mercredi 11 septembre de 18h00 à 21h00

On ne ressort pas indemne face à l’oeuvre de Juan Carlos Zeballos, attiré,
emporté par ce souffle irrésistible, par cet élan de vitalité. Terrible tempête que
la peinture de cet artiste péruvien. Celle-ci se construit dans l’expressivité de la
couleur et l’omniprésence du trait. Cela procède de phénomènes et combinaisons qui conduisent à la complexité. Le spectateur est emporté dans le rythme d’un mouvement violent et chaotique. Exaltation des couleurs, réalité de la matière laissée brute sur la toile qui donne corps à une gestuelle visible, une énergie.
La saturation de l’espace renforce cette force, cette tension intérieure.
On pourrait citer le philosophe Deleuze parlant de Francis Bacon : « peindre
n’est pas représenter des formes, mais capter des forces ». Et pourtant l’artiste
n’a jamais renoncé à la narration, à l’observation de la vie et de son tumulte.
Ainsi des formes humaines, des visages, des mots semblent surgir parfois des
entrelacs, de la confrontation, du combat entre le support et la matière. Cette
frénésie de peindre ne semble pas opérer par préméditation conceptuelle, mais
plutôt par le prolongement de l’observation, des sensations qui se font geste,
comme une écriture automatique. Un langage se libère peu à peu de l’image
pour n’en garder que la mémoire. De ce qui semble accidentel, aléatoire émerge
soudain un équilibre, des résonances et organisations entre les choses. Comme
quand il sort, se laisse aller à la contemplation de la ville, quand tous les éléments qui composent l’espace urbain se rejoignent dans un champ de relation et de réseaux. Pollock disait : « je n’ai pas peur de faire des changements, de détruire l’image… car la peinture a sa propre existence. J’essaye de la laisser émerger.
Par contre, si je perds le contact avec la peinture, le résultat sera un gâchis.
Sinon c’est l’harmonie pure. »
L’art, la poésie, ne se nichent-ils pas pas dans cet espace confiné, dans les
interstices, dans la nuance entre le trop et le pas assez, entre intensité de la
couleur, plénitude de la forme et présence du trait ? Finalement, peindre est un
exercice, un équilibre précaire. Inévitablement, l’artiste se confronte au danger.
La peinture de Juan Carlos Zeballos est une prise constante de risque. Il a le
courage de peindre, d’affronter la peinture.
Peindre, c’est exister, peindre, c’est résister.

Frédéric Mette
Directeur Espace Art et Liberté


30 x 30 : prêt-à-porter
Anya Pesce - Lisa Sharp
#91

Exposition du 15 au 30 août 2019
Vernissage le mercredi 14 août de 18h00 à 21h00

Anya Pesce et Lisa Sharp sont deux artistes qui se sont rencontrées à l’école d’art de Sydney, Australie. Partageant le même intérêt et enthousiasme pour l’art abstrait , concr èt et non objectif s, élargissant l’utilisation de la peinture et des materiaux, elles apprecient les discussions florissantes, le travail en commun, tout en partagea ent cette réflection productive sur differentes plateformes via des projects et des expositions.
L’exposition 30 x 30 : ‘ “prêt-à-porter ’ “présente leurs oeuvres les plus recentes, mettant en scéne leurs conversations entre leurs differents mode d’expression de l’art tout en paratageant leur fascination des matieres, des tissus et des vêtements. Le point de depart étant un carré monochrome, clair et regulier, de taille modeste 30 x 30 cm, tout en incorporant une continuité de l’histoire de l’art, elles ont ensemble travaillé et joué avec cette structure dans toutes les directions. En prolongement de leurs discussions, l’exposition va et vient sur le potentiel de l’association et des associ ésde s carrés noirs, blancs et les autres couleurs opacifiés de blanc, des associés de rouge, jaune et du bleu. Tandis que Anya travaille avec des couleurs commerciales, et jouant sur les variations de la peinture plane, Lisa au contraire travaille avec des pigments uniques qu’elle transpose sur des tissus qu’elle utilise comme base pour son canevas. La fabrication industrielle s’oppose à la fabrication artisanale. La mode et la consommation se melange avec l a nécessité et le rituel journalier. Des surfaces brillantes et transformées sont presentées côte á côte à des surfaces tâchées et froissées. Ce que ces oeuvres partagent est le language visuel de la peinture et l’abstaction géometrique, afin d’explorer le narratif de l’essence même, la draperie et la signification culturelle des textiles.

Anya Pesce and Lisa Sharp are painters who first met at art school in Sydney, Australia. Sharing a lively interest in the fields of non-objective abstraction, expanded painting and materials discourse they have enjoyed discussing, working and showing together in various artist-run platforms, projects and exhibitions. The exhibition 30 x 30: prêt-à-porter presents their most recent works, posited as a visual and ongoing conversation between their distinct art practices and shared fascination with cloth and clothing. Starting with the logical clarity of a monochrome square, humbly sized at 30 x 30 cm, remaining ever conscious of art historical legacies, they have both made works that play with strictures as well as posing possibilities. Like their ongoing dialogue, the exhibition spars back and forth on the potential of black squares, shades of white and associations of red, yellow and blue. Where Anya works with readymade colour and materially challenges notions of the painted picture plane, Lisa works with single pigments and repurposed cloth as
surrogate canvas. Industrial fabrication is played off against hand making. Fashion and consumerism with utility and everyday ritual. Glossy and manipulated surfaces beside stained and wrinkled skins. In common is the visual language of painting and the schema of geometric abstraction, as a way to explore narratives of body, drapery and the cultural significance of textiles.

‘Surface’ is fundamental to my practice as it is the external material skin that captures the essence of what I make. Historically ‘Finish Fetish’ in contemporary practice contextualises my work with reference to a specific group of artists in Los Angeles, USA in the 1960s who made work by hand that appeared slick and machine made. Mimicking fabric and referencing the body, the forms become a fusion of visual and experienced phenomena. My chosen material is polymethyl methacrylate-acrylic, which I mold by hand to create three-dimensional pieces that deceptively appear as soft folds and drapes, but are solid. Transforming the industrial material from its rectilinear state, the gestural forms appear to conceal or reveal something intangible under the brilliant lustre and colour of the exterior.
Anya Pesce

‘Painting’ is action, object and ongoing historical discourse, all at once. My practice explores the ways in which the form of painting can express that conflation. With a playful and materially reductive approach, I situate my work in the gap between expanded and contracted painting.
For the 30 x 30 series, I combine repurposed domestic textiles, stitching and repair, single pigment paints and readymade 30 x 30 cm standard art shop supports. The resulting works reflect a search for meaning and metaphor within the material conventions of painting. As the usual elements and processes are reduced, replaced, circumvented or inverted, so do questions arise about what it is to have support, to wear a surface and to be in a body.
Lisa Sharp

Rencontre
Xue LI
#90

Exposition du 4 juillet au 27 juillet 2019
Vernissage le mercredi 3 juillet de 18h00 à 21h00

Le monde est plein de contingences. C’est vrai de la relation entre différents
objets. Par exemple, bien que les éclairs dans le ciel ressemblent au feu qu’il y a sur Terre, ils ont peu de chances de se rencontrer. Cependant, s’ils se rencontrent par hasard, le résultat peut être d’un éclat merveilleux. La vie humaine est aussi une rencontre avec le monde. Tout ce qu’une personne aura rencontré deviendra une part d’elle-même.
Je suis née et j’ai grandi en Chine. Ainsi, sous l’influence de la culture orientale, ma compréhension de l’art prend également sa source dans l’art oriental traditionnel. Lorsque j’étais étudiante aux beaux-arts, j’ai rencontré l’art occidental. L’art oriental traditionnel et l’art occidental moderne, comme les éclairs dans le ciel et le feu sur la Terre, se sont rencontrés dans mon âme et ont commencé peu à peu à fusionner.
J’ai donc choisi le médium de l’art oriental traditionnel et la forme de l’art occidental moderne pour nourrir mes oeuvres. La rencontre entre les deux a produit une mystérieuse réaction chimique. Le papier de riz aplati, les pigments de la peinture chinoise et les sceaux utilisés dans l’art oriental traditionnel sont mes principaux médias. Ils sont à la fois le corps et le fondement de mes oeuvres, et constituent sa particularité. L’art est un symbole de l’âme. Sartre a dit que« l’homme est né libre », l’expression artistique est le chemin vers la liberté et ne doit pas être contraint. C’est pour cette raison que je préfère l’abstraction, qui constitue l’âme de mon travail. J’aime exprimer le monde, l’univers et exprimer ce que je suis par la composition des couleurs, par la ligne et par les différences de texture. Leur contingence et leur incertitude sont aussi celles du monde, de l’univers et de ce que je suis. Leur contour est défini par des rencontres. Je ne fais jamais de dessins préparatoires. Les couleurs, les lignes et les textures déterminent la forme finale de mes oeuvres, née de rencontres aléatoires, comme dans ma propre vie.



Triangulaciones
J.Margulis, Munozuloaga, Cori de Veer
#89

Exposition du 13 juin au 22 juin 2019
Vernissage le mercredi 12 juin de 18h00 à 21h00

Les approches triangulées ont captivé l’imagination d’artistes, architectes et designers du monde entier. Les créateurs de ce spectacle s’approprient ces éléments géométriques hérités du constructivisme, non pas comme objectif ultime, mais comme moyen d’évoquer l’esprit avant-gardiste dans une perspective innovante et dynamique.
J.Margulis, utilisant la sculpture et la photographie, relie des plans en deux et trois dimensions en combinant des formes géométriques afin de changer la perspective du spectateur. Son travail contient la notion philosophique que tout dans la vie a de multiples niveaux de narration, de perception spatiale, ainsi que différents degrés d’empathie et de diversité. Margulis maintient des parallèles forts entre l’expérience humaine et l’exposition à ses oeuvres d’art. Comme la vie, son travail implique de nombreuses expériences qui vont bouleverser la perception du spectateur sur la réalité.
Munozuloaga, se servant de la peinture, joint des fragments géométriques pour réaliser une interaction rythmique entre espaces positifs et négatifs. Ses compositions créent une tension entre des blocs de couleurs qui produisent une sensation de mouvement, de vitesse et introduisent l’élément du temps. Ses oeuvres sont pleines de dynamisme, de vivacité et séduisent le spectateur en offrant un sentiment de liberté et de fraîcheur.
Cori de Veer, combinant divers moyens d’expression, crée des oeuvres explorant la vulnérabilité et l’inconnu, et constitue une forme de rébellion contre le système dictatorial dont souffre son pays, le Venezuela. Son travail exprime la sensualité, la couleur et le sentiment poétique, en utilisant souvent des jeux linguistiques, des mots polysémiques, homonymes, palindromiques et à double face.


RVB [2/3]
Vert
#88

Exposition du 23 mai au 1er juin 2019
Vernissage le mercredi 22 mai de 18h00 à 21h00

VERBE
L’informaticien dit que le RVB est le plus simple des systèmes pour décrire la couleur.
Assembler trois longueurs d’onde de bases, Rouge, Vert et Bleu pour obtenir le Blanc de la lumière, mais la moindre imperfection ou décalage fait naître les couleurs négatives – étrange paradoxe – du Cyan Magenta Jaune et Noir de l’imprimerie. Et quand le RVB s’associe au Jaune, il devient le RVBJ s’échelonnant sur une échelle qui va du blanc au noir, l’espace perceptif du Natural Colour System accordant alors une multitude de systèmes imparfaits au L*a*b*CIE 1976.
Découvert dans les années 1930, la colorimétrie CIE et ses équations ont fait basculer toutes les théories anciennes de la couleur du côté de l’esthétique.
Fausses en science, elles deviennent vérité relative et temporelle, rangée en une ligne du blanc au noir au XVIe siècle, en triangle au XVIIIe siècle, en roue au XIXe siècle, en contrastes simultanées au XXe siècle, en espace riemannien aux courbes topologiques au XXIe siècle. Pendant un siècle, les peintres parisiens ont privilégié la valeur, c’est à dire la quantité de gris dans la couleur, pour permettre une reproduction la plus juste en noir et blanc. Mais d’autres solutions sont apparues, la couleur peut être parfaitement reproductible à condition de n’utiliser qu’une gamme simplifiée et limitée à mille couleurs données : Pantone.
Alors que la chimie de la couleur référencée dans le Colour Index, par une succession de découvertes a fait passer la pratique de 3000 pigments en 1920 à 40000 aujourd’hui, ouvrant le champ des possibles en une sorte de vaste « terra incognita » de la saturation. L’oeil de l’artiste les discrimine par le R, le V, le B à travers ses cônes. Le cerveau lui les assemble et invente les couleurs.
Faire une exposition qui affronte le RVB, c’est demander aux artistes de nous présenter, comment elles et ils pensent la couleur, leurs couleurs, comment elles et ils la réfléchissent entre indice et symbole : Rouge sang de l’interdit, Vert du possible à tribord, Bleu de l’obligation, Jaune couleur de l’infamie, de Naples ou « Espagnol malade ». A noir E blanc I Rouge U Vert O Bleu… Voyelles… ER VE BE verbe et action des peintres, débarrassés de la question du coloris naturaliste par l’abstraction, pour penser la Perception.

Erik Levesque
Étretat, le 14 avril 2019


RVB [1/3]
Rouge
#87

Exposition du 9 au 18 mai 2019
Vernissage le mercredi 8 mai de 18h00 à 21h00

VERBE
L’informaticien dit que le RVB est le plus simple des systèmes pour décrire la couleur.
Assembler trois longueurs d’onde de bases, Rouge, Vert et Bleu pour obtenir le Blanc de la lumière, mais la moindre imperfection ou décalage fait naître les couleurs négatives – étrange paradoxe – du Cyan Magenta Jaune et Noir de l’imprimerie. Et quand le RVB s’associe au Jaune, il devient le RVBJ s’échelonnant sur une échelle qui va du blanc au noir, l’espace perceptif du Natural Colour System accordant alors une multitude de systèmes imparfaits au L*a*b*CIE 1976.
Découvert dans les années 1930, la colorimétrie CIE et ses équations ont fait basculer toutes les théories anciennes de la couleur du côté de l’esthétique.
Fausses en science, elles deviennent vérité relative et temporelle, rangée en une ligne du blanc au noir au XVIe siècle, en triangle au XVIIIe siècle, en roue au XIXe siècle, en contrastes simultanées au XXe siècle, en espace riemannien aux courbes topologiques au XXIe siècle. Pendant un siècle, les peintres parisiens ont privilégié la valeur, c’est à dire la quantité de gris dans la couleur, pour permettre une reproduction la plus juste en noir et blanc. Mais d’autres solutions sont apparues, la couleur peut être parfaitement reproductible à condition de n’utiliser qu’une gamme simplifiée et limitée à mille couleurs données : Pantone.
Alors que la chimie de la couleur référencée dans le Colour Index, par une succession de découvertes a fait passer la pratique de 3000 pigments en 1920 à 40000 aujourd’hui, ouvrant le champ des possibles en une sorte de vaste « terra incognita » de la saturation. L’oeil de l’artiste les discrimine par le R, le V, le B à travers ses cônes. Le cerveau lui les assemble et invente les couleurs.
Faire une exposition qui affronte le RVB, c’est demander aux artistes de nous présenter, comment elles et ils pensent la couleur, leurs couleurs, comment elles et ils la réfléchissent entre indice et symbole : Rouge sang de l’interdit, Vert du possible à tribord, Bleu de l’obligation, Jaune couleur de l’infamie, de Naples ou « Espagnol malade ». A noir E blanc I Rouge U Vert O Bleu… Voyelles… ER VE BE verbe et action des peintres, débarrassés de la question du coloris naturaliste par l’abstraction, pour penser la Perception.


Erik Levesque
Étretat, le 14 avril 2019


Géométrie Discursive
(édition parisienne)
#86

Exposition du 25 au 4 mai 2019
Vernissage le mercredi 24 avril de 18h00 à 21h00

La Géométrie Discursive (ang. Discursive Geometry) est un courant de l’art
géométrique contemporain, dont la caractéristique est la capacité d’entrer dans
des discours autres que les siens.
Mark Starel, le créateur de la Géométrie Discursive, a ouvert (en 2011) une nouvelle voie pour le développement de l’art concret mettant l’accent sur la couche discursive des oeuvres, sur la recherche des liens entre l’art et la réalité quotidienne et sur l’arrêt de la recherche des principes universels de l’art.
La géométrie discursive prend ses racines dans les travaux de Mark Starel, plus
particulièrement dans le concept d’art statistique (1999) et le concept de réalité
statistique (2007), ainsi que dans les oeuvres de Rita Ernst (Suisse), Josef Linschinger (Autriche), Gerhard Hotter (Allemagne) et Jean François Dubreuil (France).
En 2011, le professeur Grzegorz Sztabinski a considéré qu'il était nécessaire de
compléter les notions de l’art concret et l’art en tant que philosophie par le concept de la géométrie dans le discours. Sztabinski applique le concept de géométrie dans le discours non seulement à l'art en général, mais également aux discours en sciences humaines, principalement en philosophie. En 2015, il a défini la géométrie discursive comme pratique interdiscursive, à la frontière de nombreux discours.
Depuis 2012, Mark Starel s’est entouré de nombreux jeunes artistes polonais,
dont Maciej Zdanowicz, Joanna Zak, Przemysław Suliga, Jakub Matys, Konrad
Hajdamowicz, Tomasz Jędrzejko et Aleksandra Łatecka, qu'il a intégrés à des
projets communs.
En 2015-2018, il a organisé une série d'expositions et de conférences internationales intitulées "Géométrie dans le discours. Discours en géométrie. "
Lors de ces manifestations il est devenu évident que les changements sociaux,
culturels, technologiques et artistiques pouvaient impacter l'art géométrique et
ont inauguré une nouvelle contemporanéité de l'art géométrique.
Starel a répertorié les domaines d’activité des artistes sélectionnés, ces domaines se référent aux discours sociaux, aux sciences humaines et aux sciences :
1. Maria Cuevas - Biomimétique
2. Jean-François Dubreuil - Revue de presse, mass media
3. Rita Ernst, Aleksandra Łatecka - Architecture
4. Konrad Hajdamowicz - Film et vidéo
5. Gerhard Hotter, Jan Pamuła - Systèmes mathématiques
6. Tomasz Jędrzejko - Sport et poids
7. Josef Linschinger - Texte
8. Manfred Mohr, Mark Starel et Jakub Matys - Code informatique,
algorithme, procédure
9. Grzegorz Mroczkowski - Paysage
10. Mark Starel - Réalité statistique, l'homme en tant que base de données
11. Przemysław Suliga - Vie artificielle
12. Joanna Zak - Vie quotidienne
13. Maciej Zdanowicz - Musique, paysage sonore
Les artistes faisant partie du collectif "Géométrie Discursive" ne possèdent pas de programme commun.
La convergence d’expériences créatives antérieures, situées aux limites de l’art
concret, à l’interface de l’art et de la science, de l’art et des données visuelles est le point commun des expositions du collectif.

Professeur Wieslaw Lucza


2 x +
Xavier Vantaggi - Eric Vassal
#85

Exposition du 17 au 20 avril 2019
Vernissage le mercredi 17 avril de 18h00 à 21h00

Le bonheur

Derrière chez moi dans les collines de l’Ombrie, il y a des maisons, des fermes abandonnées que l’on allait visiter quand nous étions enfant.
Nous y allions avec une certaine appréhension.
Bien des années plus tard, j’y suis retourné, seul avec mon appareil photo et l’appréhension était toujours là.
Ce silence, ce vide, cette sensation que quelqu’un pouvait se cacher ou surgir à l’improviste.
Nous étions au mois d’août il faisait chaud et la lumière qui pénétrait au travers des fenêtres se plaquait au sol, éclairait un mur, un couloir, une porte.
J’avais le sentiment d’être un voyeur de ce qui ne me regardait pas.
Je n’étais qu’un témoin, j’entendais ce silence qui cohabitait avec les heures définies par le soleil
Qu’étaient devenues les personnes qui habitaient là ?
Elles étaient parties et nous remémoraient par leur absence le pourquoi elles n’étaient plus là.
Où étaient-elles allées ? Dans un nouveau monde qu’elles croyaient meilleur, du moins c’est ce qu’on leur avait dit.
Le progrès ne pouvait se vivre qu’ailleurs...
Aujourd’hui leurs âmes rôdent autour de ces demeures comme s’il y avait un regret.

Xavier Vantaggi



Introduction à la Série « Agnosis »

Depuis plusieurs années, je travaille autour du lien que l’oeuvre d’art entretient avec l’histoire de l’art. Ma série « Agnosis » revisite le patrimoine cinématographique en mettant en évidence une vision structuraliste du discours image / langage.
Dans cette série, je traite du langage d’un point de vue esthétique et sémantique.
En linguistique, le signifié et le signifiant sont les deux faces complémentaires du concept de signe linguistique développé par Ferdinand de Saussure et à sa suite par l'école structuraliste. Le signifié désigne la représentation mentale du concept associé au signe, tandis que le signifiant désigne la représentation mentale de la forme et de l'aspect matériel du signe. Afin de révéler ce concept autour d’une manipulation de l’image cinématographique, j’interviens en prélevant une phrase d’un dialogue de film, dite à un moment donné. Cette phrase extraite d’un dialogue est inscrite en surimpression sur une capture d’écran. L’image est floutée par l’intervention d’un flou gaussien de 20 % afin de perturber la perception et décaler le lien image / langage. Le texte apparaît une seconde fois sous la photographie dans une autre typographie et sur un autre support, afin de créer une nouvelle perception de la phrase. Il s’agit d’un travail sur le son, non comme tel, mais comme perçu. Deux formes typographiques, deux perceptions sonores, deux « images acoustiques » si l’on souhaite reprendre le terme de Ferdinand de Saussure.

Eric Vassal

 

DeuxMilleDixHuit
Genève Cotté
#84

Exposition du 4 au 13 avril 2019
Vernissage le mercredi 3 avril de 18h00 à 21h00

DeuxMilleDixHuit

Étude formelle sur une année, mois par mois, d’un jeu d’équilibre entre la
projection colorée sur la surface et la trace du pinceau.
Série de 12 tableaux, peinture vinylique sur papier marouflé sur aluminium, 95 X 60 cm.


Rope, Rod, Rag
Daniel G. Hill
#83

Exposition du 21 au 30 mars 2019
Vernissage le mercredi 20 mars de 18h00 à 21h00

À propos du travail récent de Daniel G. Hill

Comment décrire le travail de Daniel G. Hill, son jeu apparent mais équivoque
de formes géométriques négligeables, parfaites et imparfaites à la fois ? Dessins
devenus tangibles, sculptures ou projections qui conservent la mémoire
d’images en deux dimensions ? Tout ce qui vient d’être énoncé ou rien de tout cela ?
Peu importe nos réponses, il n’y a pas de doute que les structures fascinantes
de Hill, soigneusement réalisées à partir de matériaux durs et mous traitent du
développement de leur fabrication. Toutefois, la révélation de ce développement
rend les oeuvres instables et imprévisibles. L’échelle change au fur et à mesure
que nous observons les structures de Hill. Nous percevons tout d’abord les grands rythmes puis nous sommes pris par les petits détails qui évoquent comment les choses ont été assemblées : noeuds, vis à oeillet et anneaux élégants, grappes de matériel de fixation. Nous nous concentrons sur les différences entre les fils mats et les tubes en PVC lisses, ou les anneaux métalliques brillants et les noeuds qui les relient ; notre mental appréhende l’expérience tactile et l’action de la main. Hill nous incite à établir des relations entre différentes formes et les formes suggérées ; néanmoins ses oeuvres refusent de se soumettre à une quelconque analyse logique et la plupart du temps elles trompent nos attentes.
La fascination de Hill pour la géométrie et des rapports visuels muets est
manifeste. Il est capable de faire des calculs mathématiques obscurs, pourtant
ses structures fragiles sont réalisées de manière intuitive. Il ne s’agit pas de
visualisations tri-dimensionnelles d’équations, bien que Hill déclare qu’il
découvre souvent des relations internes relativement évidentes quand il élabore
une structure. Il est aussi attentif à l’imprévu, en réglant les points d’attache de
pièces murales pour créer le contour d’un carré parfait parmi maints éléments
« dessinés » ou permettre à certaines composantes de jaillir dans l’espace et
d’entrer dans un dialogue tri-dimensionnel complexe avec des éléments moins
apparents de la structure. Certaines oeuvres apparaissent comme des émanations abstraites d’une expérience insaisissable, tels des diagrammes cubistes. Ce qui ne change pas chez Hill c’est sa prédilection pour des matériaux ordinaires, de l’ordre du quotidien et du vernaculaire, ainsi que son attachement à des méthodes de fabrication économiques et modestes qu’une observation attentive rend visible.
Hill a déclaré qu’à son avis, le rôle de l’artiste était de nous rappeler notre
capacité d’émerveillement. Ses oeuvres mystérieuses et attachantes remplissent
justement cette fonction.


Karen Wilkin, New York, Février 2019
Traduction Gwenolee Zürcher
Karen Wilkin est l’auteur de monographies sur Stuart Davis, David Smith, Anthony Caro, Kenneth Noland, Helen Frankenthaler, Giorgio Morandi, Georges Braque et Hans Hofmann entre autres, elle a organisé des expositions de leurs oeuvres dans le monde entier. Karen Wilkin est rédactrice (Rubrique Art) de Hudson Review, elle écrit aussi régulièrement pour The New Criterion et le Wall Street Journal. Elle enseigne dans le cadre du MFA Program de la New York Studio School..

Daniel G. Hill: Recent Work

How to describe Daniel G. Hill’s works, with their lucid but elusive play of perfect and imperfect, insubstantial geometric shapes? Drawings made tangible, sculptures, or projections that retain the memory of two-dimensional images? All of the above? None? However we answer these questions, there is no doubt that Hill’s compelling constructions, carefully crafted of hard and soft materials, are about the history of their making. Yet the revelation of that history makes the works unstable and unpredictable.
Scale shifts, as we contemplate Hill’s constructions. We are first captured by large rhythms and then engaged by small details that announce how things have been assembled: knots, elegant screw-eyes and rings, clusters of interlocking hardware. We concentrate on the differences between matte cords and smooth PVC tubes or between sleek metal rings and the knots that engage them, mentally recapitulating both tactile experience and the action of the hand. Hill encourages us to draw connections between various shapes and implied forms, yet, at the same time, his works refuse to yield to logical analysis and, almost always, confound our expectations.
That Hill is fascinated by geometry and wordless visual relationships is evident. He is capable of making arcane mathematical calculations, yet his delicate constructions are arrived at intuitively. They are not three-dimensional visualizations of equations, although Hill says that he often discovers fairly clear internal relationships in the course of working out a structure. He also remains alert to the unexpected, adjusting the supporting points of wall-mounted pieces to create the outline of one perfect square among many “drawn” elements or to allow some components to thrust into space and
enter into a complex three-dimensional conversation with less aggressive portions of the piece. Some works read as abstract distillations of ungraspable experience – like diagrams of Cubist-inflected perceptions. What is constant is Hill’s choice of ordinary materials, often associated with the everyday and the vernacular, and his insistence on economical, uncomplicated construction methods that remain visible, if we look closely.
Hill has said that he believes the artist’s role is to remind us of our capacity to wonder.
His mysterious, deeply engaging works do just that.


Karen Wilkin, New York, February 2019
Karen Wilkin is the author of monographs on Stuart Davis, David Smith, Anthony Caro, Kenneth Noland, Helen Frankenthaler, Giorgio Morandi, Georges Braque, and Hans Hofmann, among others, and has organized exhibitions of their work internationally. The Contributing Editor for Art for the Hudson Review and a regular contributor to The New Criterion and the Wall Street Journal, she teaches in the New York Studio School’s MFA program.

 

Art et mathématiques 2
ΓEΩMETPIA - Géométrie
#82

Exposition du 7 au 16 mars 2019
Vernissage le mercredi 6 mars de 18h00 à 21h00

Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre
Notre thème est cette année, en grec, « ΓΕΩΜΕΤΡΙΑ », Géométrie.
« Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre ». La tradition veut que cette phrase ait
été gravée à l’entrée de l’Académie, l’école fondée à Athènes par Platon.
Les artistes français et internationaux qui sont réunis ici revendiquent tous
l’utilisation raisonnée ou intuitive de la géométrie dans leur travail de création.
Parmi eux il y a des plasticiens, des architectes, des mathématiciens et des inventeurs.
Viatcheslav Koleytchouk (1941-2018), architecte russe, a actualisé les travaux
de Karl Ioganson des années 1920, et les a approfondis dans le domaine des
structures auto tendues, utilisées aussi bien dans l’industrie spatiale que dans
l’architecture ou la sculpture.
L’architecte « bionique » russe, Dmitri Kozlov, crée avec des noeuds cycliques
complexes en fil de fer des « surfaces à un seul côté ».
Dániel Erdély, designer industriel hongrois, a inventé le « Spidron », combinaison de triangles équilatéraux et isocèles, utilisé depuis par de nombreux artistes dans leur création.
János Saxon, artiste hongrois, a créé un « univers poly dimensionnel » où il répète,à diverses échelles, des formes de base qui « suivant un processus logique strict peuvent théoriquement remplir l’univers ».
Robert Fathauer, mathématicien américain, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les principes de pavage (tessellation) et se passionne aussi pour l’architecture bionique. Il est le fondateur des conférences interdisciplinaires « Bridges » pour créer des « ponts » entre l’art et les mathématiques.
Le catalogue présente, pour chacun des artistes participants, en regard de son
travail artistique, sa réflexion personnelle sur son rapport de création, raisonné
ou intuitif, avec la géométrie.
Comme la précédente édition, cette exposition s’insère dans le cadre de la
Semaine des mathématiques qui a lieu à Paris du 11 au 17 mars 2019.
Nous tenons à remercier ici Zsuzsa Dárdai, critique d’art, qui nous a aidés,
grâce à son expérience de curateur, dans la sélection des artistes hongrois.


David Apikian


Mémoire marquetée
#81

Exposition du 21 février au 2 mars 2019
Vernissage le mercredi 20 février de 18h00 à 21h00

8 - 10, rue des Immeubles-Industriels

Dans la rue, tout le monde connaît « Monsieur Josnin ». Carré, robuste, dépourvu de manières inutiles — une marque de fabrique des artisans du quartier — cet homme passionné et entièrement dévoué à son art,
« patrimoine vivant » ayant depuis longtemps dépassé l’âge de la retraite, ne résiste jamais au plaisir de partager la passion de sa vie : la marqueterie. Dans son atelier, tout est merveille. Sitôt que l’on pousse la porte d’entrée, on bascule dans un univers intemporel, celui de l’ébénisterie d’art. L’odeur des bois, colles et vernis ; le reflet d’une lumière tamisée sur les antiques outils ; la vue de meubles anciens démontés, démantibulés, en cours de restauration : tout porte à la beauté des gestes du métier, à la quiétude et au rêve d’élégance.
Hélas, plus pour longtemps. En mars prochain, l’atelier fermera définitivement ses portes.
La rue des Immeubles-Industriels, hier encore « cité idéale des artisans du meuble », perdra ainsi son dernier ébéniste et ce qui demeurait de son identité profonde. Construite en 1873 dans le but de relancer cette industrie sur des bases modernes, la rue comptait alors près de 200 ateliers, employant 2000
personnes. Dans les immenses sous-sols, une machinerie à vapeur digne d’un roman de Jules Verne alimentait les ateliers en énergie bon marché, facilitant la mécanisation et l’innovation. Mais la renaissance fut de courte durée. Dès l’entre-deux-guerres, l’artisanat commença un déclin qui ne fit que s’accélérer
durant les Trente Glorieuses. L’avènement de la société de consommation de masse, avide de produits vite achetés et vite détruits, aura eu raison de nos savoir-faire traditionnels. En réalité, la survivance de l’atelier Josnin jusqu’à aujourd’hui tenait du miracle. Lorsque Josnin cessera complètement son activité (il est question qu’il conserve un petit atelier non loin d’ici), c’en sera fini de la marqueterie d’art pratiquée dans le faubourg Saint-Antoine depuis plus de trois siècles. Aux artistes de prendre la suite autrement !


Hervé Deguine*
* Auteur de « Rue des Immeubles-Industriels, Cité idéale des artisans du meuble, 1873-1914 ».
Éditions Bonaventure, 2015.


Animé
#80

Exposition du 31 janvier au 16 février 2019
Vernissage le mercredi 30 janvier de 18h à 21h

Nous devons, en introduction à cette exposition, rappeler les paroles de Kasimir Malévitch concernant l’animation abstraite. Évoquant dans sa correspondance
avec les cinéastes Dziga Vertov et S.M. Eisenstein la puissante influence de la
peinture sur la composition, le cadrage et l’éclairage des films, il concluait en
disant que : « Dans un temps pas très éloigné de nous [...] vont arriver dans le
cinéma des artistes abstraits-non figuratifs qui, ayant compris l’essence de l’art, apporteront aux films une qualité tout à fait nouvelle ».
Effectivement toujours nouvelle malgré ses cent ans d’existence et grâce aux
avancées technologiques permanentes, l’animation abstraite répond à la
demande de la culture contemporaine de l’image.
Comme on a pu le constater lors des éditions 2014 et 2015 de Réalités Nouvelles, l’intérêt des artistes de différentes sections du salon pour ce type d’expression est évident et va croissant.
Les artistes participant à l’exposition AP#80, Animé, viennent ainsi de différents horizons : peintres, photographes, auxquels se sont joints des algoristes qui construisent une nouvelle approche de création.
Pour les artistes abstraits qui rêvaient de représenter le mouvement, l’image
animée renouvelle à l’infini le champ des possibles dans leurs recherches.


David Apikian


Objet cherché
#79

Exposition du 10 janvier au 26 janvier 2019
Vernissage le mercredi 9 janvier de 18h à 21h

Il y a de l’Indiana Jones et du Tintin dans le projet que nous offre l’équipe
d’Abstract Project. Il s’agit ni plus ni moins que de partir à la recherche de
l’oeuvre d’art avec son détecteur de métaux et autres pendules, et de rapporter
les objets cherchés ou les objets trouvés, ramassés, glanés, en fouillant la grande pyramide de Khéops, en remontant l’Amazonie, en cheminant à la manière d’un explorateur, ou d’un archéologue sur les traces d’une civilisation balinaise oubliée.
Objets cherchés pour lesquels on s’évertue à agrandir la cartographie d’une
quête artistique, objet idéal que l’on trouve par hasard peut-être. L’archéologie,
nous donne l’idée de l’objet cassé, en morceaux, qui a perdu ses qualités pour
devenir empreinte d’une civilisation perdue et tesselles dont l’archéologue
s’évertue scientifiquement à retrouver les traces de l’utilisation possible par le
collage et le réassemblage.
L’objet entretient une relation externe et fonctionnelle avec l’environnement.
Aussi pour devenir objet d’art, l’objet doit posséder une étiquette, un pedigree
qui le désigne. Changer l’étiquette et l’objet change de destin et de destination.
La galerie d’art est un rébus d’archives, de propositions d’objets donnés par
l’expérience. Il dépend de celui qui le traverse, que le musée soit tombe ou
trésor. Les objets trouvés sont dans les poubelles, les objets cherchés au musée, recyclage écologique et social de l’empreinte carbone.
L’installation muséale laisse le visiteur perplexe ne sachant s’il est devant une
déchetterie ou un supermarché. Il ne sait si les extincteurs sont oeuvre « rouge » ou installation antiincendie. Le surréalisme puis le pop art ont enchanté le
rebut de la société de consommation, de la boite de lessive à la cravate pour
homme, jusqu’à donner la sensation que dégueulant de ses objets, bagnoles à
la casse, jouets d’enfants démembrés, poupées éventrées et peintures en vrac
et sculptures en stock ,le musée est devenu un grenier rempli de vieux papiers,
de vieilles formes, de couleurs fanées en archives, à recycler. À moins que le
musée et ses racks, soient devenus un hangar dans l’attente de sa promotion
exceptionnelle, de son vendredi noir, et de ses jours de rabais toujours très
convoités par des consommateurs désireux de se faire plaisir mais aussi de faire plaisir à leur entourage. L’objet cherché est un deux en 1.
L’histoire du design d’objets a une histoire parallèle avec celle de l’abstraction,
enseignée dans les mêmes écoles d’art depuis le Bauhaus et De Stjil. Abstraction et design sont nés de la même invention, celle de la géométrie descriptive et du dessin technique qui vont permettre de réaliser moteurs, voitures, avions, chaussettes, casseroles ou logo de soda. L’ajustement suivant la sphère, le cône, le cylindre, et les surfaces du second degré aboutissent à l’actuelle conception assistée par ordinateur 3D.
Associée à la couleur standardisée, normalisée, rationalisée, elle-même devenue
objet prêt à l’emploi, HTLM Color Codes, le tout prêt devient images libres de
droit, issues de banques d’images offrant à qui veut une main tenant un bouquet de tulipes que le moteur de recherche aléatoire et optimisé trouve à l’instant de la demande.
L’objet cherché est alors un raccourci clavier tout fait, déjà fait, Ctrl A, Ctrl C, Ctrl V, environ 4 250 000 résultats pour 0,38 secondes.

Erik Levesque

 


Claudine Sallenave


Delnau

Maria Arvelaiz-Gordon