Format de poche
#113

Depuis le 5 décembre 2014, jour du premier vernissage à la galerie Abstract Project, nous avons eu pour projet de promouvoir des artistes, de créer des rencontres et des échanges fraternels entre les artistes, mais aussi des rencontres avec les collectionneurs et le public d’amateurs.
L’exposition « Format de poche » que propose la galerie Abstract Project pour cette fin d’année n’est pas dédiée à la littérature et sa diffusion, ni à la bande dessinée et à son histoire, mais à la réunion d’artistes plasticiens autour de l’exposition d’œuvres de petits formats n’excédant pas la dimension de 20 cm x 20 cm. Les artistes à qui nous avons proposé cette rencontre ont tous déjà exposé à la galerie ou y exposeront bientôt.
Les expositions collectives de cette ampleur, avec un accrochage plus dense qu’à l’accoutumée, participent pleinement à cette dynamique. Outre la proposition purement artistique, elles favorisent évidemment les rencontres et les collaborations futures. Pour l’amateur éclairé ou le collectionneur, c’est aussi comme cela que commence ou se constitue une collection, en acquérant des œuvres à des prix très abordables et en faisant la rencontre d’un travail et d’une ou d’un artiste.







Exposition du 16 décembre 2020 au 9 janvier 2021
Ouverture les 16, 17, 18, 19, 22, 23, 26 décembre
et les 6, 7, 8, 9 janvier
Frank Sèves
#112

Exposition du 29 octobre au 12 décembre 2020
Vernissage le mercredi 28 octobre de 18h à 20h
ENFANTÉS
La toile est blanche et pure.
Le silence de l’atelier dessine une houle mélancolique
d’air imprégné d’huile et de pigments. Alors le temps
doucement quitte avec solennité et sagesse le vaste espace.
Je suis bien en cet endroit, maître d’oeuvre, se souvenant de l’enfant bretteur.
Néanmoins aujourd’hui, de l’aube à la robe de l’oubli de toute matière, je suis resté
sans geste, sans mot à contempler le tableau créé
du seul esprit.
Je me demande quand souffleront la danse et la musique des couleurs
sur ce miroir éteint, immaculé.
Or mon âme bouillonne. Successivement de mondes furieux et apaisés, de sols
guerriers hideux à de clairières enchantées.
Bientôt je me lève. Mes doigts s’inondent de liquides visqueux, odorants et lumineux.
Le travail peut commencer tel
un Enfantement miraculeux...
Frank Sèves





Le catalogue #109 en version pdf
Tetsuya Chiba
#111

Exposition du 15 au 24 octobre 2020
Vernissage le mercredi 14 octobre de 18h à 21h
Dans une petite pierre
Si l’on regarde l’image magnifiée d’un diamant et sa coupe géométrique, on voit que s’y reflètent différents éléments fragmentés. « Mais alors d’où proviennent ces fragments, de quelle temporalité… ? » C’est à cela que je pense. Peut-être que pour les gens scrutant ces petites pierres, la beauté des diamants et d’autres pierres précieuses réside dans la possibilité de voyager librement dans leur imaginaire, au-delà du temps et de l’espace. Par ailleurs, le cubisme — né à Paris — ressemble à la découpe géométrique de pierres précieuses. Les peintres ont peut-être voulu se libérer d’une perspective traditionnelle ou d’une structure sociale hiérarchisée semblable à une perspective. En bref, ils recherchaient la liberté et leur aspiration a créé le cubisme. J’essaye de réinterpréter le cubisme en le comparant à des pierres précieuses. Les pierres précieuses peuvent être un symbole de liberté et c’est ce que je veux exprimer mais il n’y a pas de liberté sans restrictions.
Pour peindre, j’ai donc osé choisir un couteau plutôt que la brosse, plus facile à manier. Une fois que les différentes couleurs sont déposées en couches, elles sont mélangées au couteau de manière à retourner les couches. Mais quand j’utilise cette technique pour peindre, mes attentes « tiens, cela pourrait donner cela » sont trahies par chacune de mes actions. Le fait d’utiliser cette technique brute donne un résultat naturel. Je suis alors obligé de réviser continuellement mes objectifs et mes idées. C’est épuisant, mais quand les éléments d’une peinture atteignent un équilibre mystérieux et sont dans une situation telle qu’ils ne vont plus s’écrouler, la peinture, qui devrait être opaque, devient curieusement transparente.
Je sens alors qu’elle est belle et je pense que cette transparence m’apporte une forme de liberté.
Tetsuya Chiba
Traduction Diane De Ciccio
Inside of a small stone
Looking at the magnified image of the geometrically cut diamond, we can see some various fragments of things are reflected in it.
«Well, when and where are these fragments come from…?” At that time I have such a thought.
Maybe the reason people feel beauty into diamonds or other jewels is the possibility of traveling freely in their imagination, beyond time and space by looking into the small stones.
On the other hand, cubism born in Paris resembles a geometric cut of jewels. Painters may have desired to free themselves from a traditional perspective, or from a top-down social structure which is similar to perspective.
In short, they wanted freedom, and their aspiration created cubism. I am trying to reinterpret cubism by comparing with jewels.
Jewels can be a symbol of freedom and I want to express that, but there is no freedom that does not premises restrictions.
Therefore, I dare choose a palette knife that is more inconvenient than a brush as a painting tool. After the various colors are layered, they are mixed by a palette knife in such a manner that the layers are turned upside down. However,when using such a technique, my expectation «It could be like this»is be trayed in every painting action.
By using such a raw technique, it is a natural result. So I have to keep updating my plans and thoughts. This makes me so exhausted, but when the elements of a painting maintain a mysterious balance and construct a situation in which they never collapse, the painting which should be opaque somehow become transparent. I feel it is beautiful, and believe this transparency brings me freedom.






Le catalogue #111 en version pdf
Jaune
#109

Exposition du 1er octobre au 10 octobre 2020
Vernissage le mercredi 30 septembre de 18h à 21h
"Le jaune tourmente l’homme, il le pique et l’excite, s’impose à lui comme une contrainte, l’importune avec une espèce d’insolence insupportable."
Vassily Kandinsky, Du spirituel dans l’art – 1911

Le jaune le mal aimé
Du Moyen Âge nous vient le désamour pour le Jaune, à cette époque il était perçu comme un ersatz de l’or ou comme un mensonge, une imposture, la couleur du parjure et de l’infamie et ce dogme devra perdurer à travers les siècles. Plus tard, le Quattrocento attribuera cette couleur à la fourberie, par exemple, Judas ainsi que les traîtres et les félons seront représentés de jaune vêtus.
Cette mauvaise réputation le poursuivra dans le temps, de nos jours encore, ne dit-on pas avec ironie : jaune cocu, rire jaune, franchir la ligne jaune, ou les jaunes pour les briseurs de grève.
Le jaune réhabilité
Il aura fallu attendre le XIXe siècle avec les impressionnistes qui réintroduiront le jaune dans la peinture comme couleur parmi les couleurs, il en sera de même plus tard avec les expressionnistes ou Van Gogh, mais c’est avec l’abstraction, au début du XXe siècle que le jaune retrouvera une place d’honneur dans la
peinture avec Kandinsky, Malévitch et le suprématisme, Rodtchenko qui peindra le premier monochrome jaune, Mondrian lui donnera une place d’honneur avec Boogie-Woogie, plus tard Poliakoff ainsi que Rothko en useront sans modération.
Le jaune avec l’art moderne occupera une place centrale dans la peinture abstraite, Fontana, Kelly, Mangold et bien d’autres encore. De nos jours, des artistes contemporains comme André Stempfel
ou moi-même utilisons le jaune comme couleur seule. Sociétalement, le tour de France le glorifiera avec le maillot jaune et les Gilets Jaunes en feront un symbole de révolte.
Osez le jaune
Les artistes réunis pour cette exposition ont avec plaisir osé expérimenter le jaune, nous espérons que votre plaisir à voir sera égal au leur.
Roland Orépük, Saint-Martin-d'Hères 2020






Le catalogue #110 en version pdf
du plein au vide
#109

Exposition du 10 septembre au 27 septembre 2020
Vernissage le mercredi 9 septembre de 18h à 21h
Aussi loin que nos connaissances permettent de remonter, le sculpteur procède par retrait, ajout ou mise en forme de différents matériaux. La variété croissante de ces derniers ainsi que le développement d’une multitude d’outils ont contribué au gré des siècles à repousser les limites de cette pratique artistique, depuis le
travail sur le bloc jusqu’à l’élaboration de formes en partant du vide.
Des premières statuettes du Magdalénien parvenues jusqu’à nous au « dessin dans l’espace » émergeant au vingtième siècle, s’est créée une véritable dialectique entre le plein et le vide, entre la matière et son absence.
Cette exposition, par la diversité de ses propositions, donne un aperçu de la richesse d’un champ dialectique en perpétuelle évolution.
Sandrine Ars-Coignard et Stéphane Deselle







Le catalogue #109 en version pdf
Victoria ARNAUD - Christophe HOULLIER - Eliane POUHAER
workshop
#108

Exposition du 12 août au 5 septembre 2020
Vernissage le mercredi 2 septembre de 18h à 21h
La galerie Abstract Project propose à trois artistes de transformer ce lieu de création, de réflexion, de diffusion des arts abstraits en atelier le temps du mois d'août 2020.
Victoria Arnaud, Christophe Houllier et Eliane Pouhaer nous présenteront, début septembre, leurs travaux respectifs réalisés pendant ces trois semaines d'immersion.

Victoria Arnaud

Eliane Pouhaer

Christophe Houllier
Le catalogue #108 en version pdf
Elisabeth Bodey - Dawn Csutoros
convergence : colour and sound
#107

Exposition du 16 juillet au 1er août 2020
Du mercredi au samedi de 14h à 19h
Vernissage le mercredi 15 juillet de 18h à 21h
Artistes conceptuels, Elisabeth Bodey et Dawn Csutoros cherchent dans l'abstraction et auditive et visuelle un langage commun.
Les deux s'engagent dans la quête d'une convergence plastique, sensuelle, dans laquelle le visuel ouvre la voie à l'auditif. L'oeuvre des deux artistes donne à saisir visuellement la dimension auditive dans la couleur, le timbre, le ton, la forme et la texture.
Through the joint processes of conceptualising and making, Bodey and Csutoros are engaged in the shared language of abstraction in music and painting.
Both create a visual language of convergence to create a sensory conjunction or synchrony and a process which then moves into a visual language, being a "cue" to the auditory realm.



Elisabeth Bodey

Dawn Csutoros

Elisabeth Bodey :
Je suis une coloriste, me sentant parfois possédée par la couleur comme je le suis par la musique classique contemporaine. Dans cette conversation partagée, telle qu'elle est explorée dans ma peinture, la couleur relie ces deux obsessions en une relation synchrone.
Le concept, le temps et l’espace, le son et la peinture, ainsi que l’expérience ressentie sont transférés par le processus de la peinture : par la texture et la matérialité ; la forme, l’espace et l’intervalle ; l’harmonie et la dissonance.
C’est par l’imbrication du formel, de l’immédiateté et de l’improvisation que je crée des champs de couleur associés à des formes notationnelles.
Ces champs permettent au spectateur de faire l’expérience de ses propres perceptions.
(Traduction Diane de Cicco)
I am a colourist, feeling at times possessed by colour as I am with contemporary
classical music. In this shared conversation as explored in my painting, colour
connects these two obsessions in a synchronous relationship.
The conceptual, time and space, sound and paint and the felt experience of both is
transferred through the painting process: through texture and materiality; form, space
and interval; harmony and dissonance. It is through an interweaving of the formal,
of immediacy and improvisation, that I create fields of colour paired with notational
forms. To these fields the viewer can experience their own perceptionse.
Dawn Csutoros :
Je considère le son et la couleur essentiellement comme des fréquences de vibration. Dans mes peintures et le paysage sonore qui les accompagne, j’explore le flux énergétique et la résonance de la couleur et du son, répondant aux notions de mouvement et d’espace, de texture et de ton, de résonance et de volume, de clair-obscur, d’harmonie et de dissonance. Plutôt que de vouloir structurer l’espace, je m’intéresse à la création de champs énergétiques.
J’ai pour point de départ les pièces tonales plus silencieuses, où les gradations subtiles de valeurs de couleur sont liées aux transitions nuancées des valeurs tonales de certains dispositifs harmoniques. Elles font allusion aux harmoniques semblables à des bourdonnements dans le paysage sonore que j’ai créé dans ma pièce vocale. Je passe ensuite au volume sonore élevé comme je le montre dans mes peintures. Elles transmettent une puissance élémentaire à la fois imprévisible et indisciplinée, les couleurs s’entrechoquant et convergeant pour créer des récits harmoniques dans le temps et l’espace.
(Traduction de Diane de Cicco)
I see sound and colour as essentially vibrational frequencies. In my paintings and
accompanying soundscape, I explore the energetic flow and resonance of colour and
sound, responding to notions of motion and space, texture and tone, resonance and
volume, light and dark, harmony and dissonance. Rather than a structuring of space,
I am interested in creating energetic fields.
My starting point is the quieter tonal pieces, where subtle gradations in colour values
relate to the nuanced transitions in tonal values in certain harmonic devices. They hint
at the drone-like harmonics in the soundscape that I have created in my voice piece.
I then move to the high-keyed volume as I demonstrate in my paintings. They convey
an elemental power both unpredictable and undisciplined with colour colliding and
converging to create harmonic narratives in time and space.
Le catalogue #107 en version pdf
Éphémère
#106

Exposition du 2 au 11 juillet 2020
Du mercredi au samedi de 14h à 19h
Vernissage le mercredi 1 juillet de 18h à 21h
L’exposition #106 à la galerie Abstract Project, Éphémère, regroupe des artistes
japonais et français.
Cette proposition thématique a rencontré chez eux un écho particulier car elle
rejoint leurs conceptions esthétiques. C’est leur sensibilité à la fragilité de la
beauté, à la précarité du monde naturel qui les font se rencontrer aujourd’hui.
Éphémère rend hommage également à trois artistes japonais disparus, Miyata
Hideko, Moriyama Hiroyuki et Kishida Katsuji, qui résidaient en France et
dont les deux premiers ont exposé à de nombreuses reprises au salon des
Réalités Nouvelles.
David Apikian





Le catalogue #106 en version pdf
Couleurs
#105

Exposition du 17 au 27 juin 2020
Du mercredi au vendredi de 11h à 15h
et le samedi de 14h à 19h
À Roland Orépük et à son jaune
Avec le déconfinement, il fallait hisser haut les couleurs sur la façade rouge de la
Galerie Abstract Project, le flagship* des Réalités Nouvelles, 5 rue des Immeubles
Industriels. Appeler, faire avancer ou reculer une armée en déplaçant desétendards et des oriflammes est un des systèmes de communication les plus
anciens, des romains aux byzantins, que l’on retrouve dans le drapeau rouge
des manifestations de la Nation à la République ou des emblèmes nationaux
de la liberté guidant le peuple. Mettre en mouvement, en ordre de marche par
le jeu des drapeaux, place la couleur en logos, en verbe ouvrant à l’action.
Associant le pavillon à un mouvement oscillant et répété, le langage se fait ordre
de manoeuvre, prêt à virer lof sur lof, de bâbord à tribord, permettant à chacun
de se reconnaître, sous l’identité graphique de la bannière.
Chaque époque crée son système de couleurs, depuis l’invention de la chimie par
Lavoisier. Avant les philosophes et peintres classiques parlaient de 8 couleurs et
du coloris. Aujourd’hui c’est le Natural Color System et les 992 couleurs données
du Pantone qui prédominent. Hier c’étaient les théories de Johannes Itten ou
de Joseph Albers. Les couleurs et leurs théories apparaissent synonymes de
modernité. Elles naissent un jour : le pigment violet vers 1895, le pigment orange
en 1930, elles font “évènement”. Les couleurs, en un certain ordre associées,
ouvrent un temps. Pour les décrire 200 mots de français fixés au XVIIIe siècle
et aujourd’hui 40 000 pigments référencés et 16,7 millions de couleurs sur vosécrans. Les systèmes descriptifs foisonnent depuis la colorimétrie au code HTML.
Car la couleur n’existe pas indépendamment du milieu qui l’éclaire. Devant vous
la voiture verte passe dans un tunnel éclairé en orange, elle devient marron selon
la loi du métamérisme. La lumière adjacente donne au pigment sa réfraction.
La couleur naît du contexte. Votre rouge passe du XXe siècle par le temps
du Covid-19 au XXIe siècle que devient-il ? Vert ? Orange ? Stop ? Feu rouge ?
Interdiction de stationner ? Bleu, vous obéissez à la couleur. Les couleurs sont des
ordres. Afficher la couleur, c’est s’exposer à parler des variations des sensations
de celle-ci, afficher les couleurs, c’est exposer la pluralité de la couleur entre
sens et signe, comme le dit la chanson :
Car le temps colore la foule, colore mes veines
Chaque jour il me révèle
En chair de poule, en bleu de ciel
Et la foule sort de mes veines
Oui comme le temps est un ami
Il colore mon pays**.
Erik Levesque, Paris Juin 2020
* flagship, anglicisme apparu avec la fondation LVMH au bois de Boulogne, mot dont la traduction désigne le navire-amiral,
Flag : drapeau - Ship : bateau, dans la marine, devenu dans le langage de la boutique un “magasin-phare” !
** extrait de « Colore » de JP Nataf et JC Urbain, Les Innocents.






Le catalogue #105 en version pdf
En Quatorzaine
#104

Exposition du 3 au 13 juin 2020
Du mercredi au samedi de 11h à 15h
Et la société du spectacle fut mise K.O. debout par un machin de quelques microns de taille, qui se passait de la main à la main, et que naturellement personne ne voyait. Le choc fut complet. L’équipe de la bibliothèque du musée d’art moderne était complètement déprimée, et souhaitait “ du fond du cœur que cette Newsletter puisse être lue par tous ses destinataires et que vos proches et votre entourage sont également en bonne santé. Nous vous espérons dans des situations de confinement pas trop contraintes et que votre moral est bon”. Car on devait rester à la maison confinés, isolés les uns des autres, les mains propres, avait dit le bon docteur. Les artistes du théâtre et de la musique étaient tétanisés à lire “Le savon” ou “Les animaux malades de la peste”, comme embastillés sur leurs téléphones, les yeux écarquillés. D’autres se découvraient petits-bourgeois rêveurs et gourmands, entre pantoufles et petits plats quand tous les restaurants étaient clos. L’art était au zoo. Industrie non indispensable, clouée au sol avec les avions. On aurait dit que la société du spectacle était prise dans une vaste toile d’araignée. Musées, expositions, festivals, foires, représentations théâtrales, étaient annulés. La faillite était totale. Les galeries grandiloquentes annonçaient qu’on ne les y reprendrait plus et que demain ne serait plus hier et appelaient le gouvernement à un plan de secours. Les grands acteurs du cinéma se prononcèrent sévèrement et définitivement pour la refondation d’un avenir nouveau quand d’autres d’un naturel plus pessimiste prévoyaient que demain serait la même chose qu’hier en pire.
Les artistes plasticiens, enfermés à l’année dans leurs ateliers, ne voient pas tant la différence. Certains avaient rejoint leur atelier à la campagne, quand d’autres étaient confinés dans des appartements parisiens exigus avec leur famille dans l’impossibilité de se déplacer. A chaque jour sa création, ils postaient leurs remarques égotiques, pour dire qu’ils existaient toujours par leur journal intime éventé sur Instagram ou Facebook. Leur atelier était leur chambre de malade à moins que cela ne soit l’inverse. La société était sans dessus dessous. L’art était reclus, ficelé, en suspens... Shibari !
C’était la guerre avait dit le président, qui faisait comprendre à tout un chacun ce qu’avait pu être l’incompétence administrative et la bêtise de l’état-major en 1940. Avec Daladier, on avait même retrouvé d’un seul coup lettres de dénonciation anonymes, marché noir et système D ! Dans l’incapacité de s’approvisionner en matériel, on travaillait sur son stock pour les plus prévoyants ou sur du matériel de récupération. Certains emballaient livres, récupéraient les emballages, les boîtes de conserves, et le bois des cageots de fruits… dans l’attente de l’annonce de la fin d’une quarantaine de 14 jours par trois fois repoussée à cause du nombre de morts, d’entrées en réanimation ou de nouveaux contaminés.
Aujourd’hui 14 artistes répondent à la question, votre travail a-t-il changé pendant cette expérience de 56 jours ?
Erik Levesque
Paris, 8 mai 2020






Le catalogue #104 en version pdf
Art et mathématiques
structure
#103
Exposition du mercredi 13 mai au samedi 30 mai 2020

Les formes mathématiques abondent dans la nature car les mathématiques sont
derrière les lois physiques qui régissent la formation des structures naturelles
organiques et inorganiques. La structure mathématique est donc partout présente, évidente, dans le monde naturel.
La Structure c’est l’ensemble de connexions stables de l’objet, assurant son
intégrité et son identité à lui-même, c’est-à-dire la conservation de ses principales
propriétés lors de divers changements extérieurs, ou intérieurs.
C’est la structure qui organise et pérennise le contenu, de là vient son importance
déterminante dans la construction des oeuvres visuelles.
Leonardo da Vinci a mis en évidence cette structure déterminante, dans son étude
de la croissance des arbres, établissant la règle dite « de Leonardo », toujours
valide et confirmée par les chercheurs dans des simulations informatiques.
Les artistes français et internationaux qui pour cette exposition ont soumis
leur recherche à la mise en évidence de la structure dans leur oeuvre, objet en
volume, ou représentation en deux dimensions, en ont parfaitement conscience
et s’appuient clairement ou intuitivement sur cette pensée mathématique.
David Apikian







Le catalogue #103 en version pdf
Blancs [2]
#102
Exposition du 5 au 14 mars 2020
Vernissage le mercredi 4 mars de 18h à 21h

Des multiples définitions du mot « blanc », cette exposition a pour référence le
terme germanique blank, ce qui signifie « brillant, clair, sans tache », ou encore
« nu ».
Ces différentes significations et sensations générées par ce vocable sont
explorées à travers les pratiques individuelles de chacun des artistes à présenter
leurs travaux.
La matière vierge de toute coloration, l’espace entre les éléments qui donne
naissance au rythme, l’absence même de matière par découpage ou le façonnage
de l’oeuvre, les propriétés réflectives d’un matériel ou l’usage de pigmentation
sont autant de moyens mis en oeuvre dans la réalisation et la présentation des
oeuvres.
Le blanc est à la fois couleur et non couleur, absence et présence, la représentation
d’une chose et son absence. Ce fil commun apporte tout à la fois la respiration
et la circulation qui lient et séparent dans les oeuvres et les oeuvres entre elles,
non pas en opposition mais en juxtaposition, voir en imbrication pour une
perception spatiale augmentée. Les oeuvres se révèlent par interaction entre ce
qui se produit à l’intérieur de l’oeuvre de chacun et à l’extérieur de ses limites
matériels avec la circulation du blanc de l’espace même de la galerie.
Dans l’ambiguïté entre être et ne pas être, au spectateur de trouver l’équilibre
dans sa propre perception.
Claire de Chavagnac







Le catalogue #102 en version pdf
Jardins fluides
Marlène Moris
#101

Exposition du 20 au 29 février 2020
Vernissage le mercredi 19 février de 18h à 21h
De sensibilité polyvalente (architecture, violoncelle, arts plastiques), Marlène Moris s’exprime principalement par la peinture et l’estampe.
Rivières, formes organiques, jardins, son travail questionne le plus souvent la transformation de la nature.
Depuis sa récente résidence à La Spinnerei de Leipzig, et inspirée par les paysages d’eaux et parcs environnants, elle continue d’explorer des supports textiles non traditionnels où la peinture s’inscrit dans une nouvelle relation à l’espace.
Sur des grands formats verticaux et translucides, elle joue avec la surface, le geste et la couleur.
Utilisant une technique aqueuse très directe (encres d’imprimerie et acrylique), le processus plastique – comme un rituel de passage – traverse des étapes d’immersion totale puis d’écriture successives “dans le frais”, laissant se superposer tâches, coulures, accidents, accents précis, insertion d’éléments végétaux...
Des premiers jardins botaniques suggérés, les dernières recherches ouvrent sur des mondes intérieurs de plus en plus abstraits, des éclosions printanières, où le motif se réinvente entre apparition et dissolution.
Cette série de jardins flottants évoque ainsi la fragilité de notre existence.





Le catalogue #101 en version pdf
Ce qui aurait pu ne pas être, [3]
#100

Exposition du 16 janvier au 1er février 2020
Vernissage le mercredi 15 janvier de 18h à 21h
Tout travail d'artiste repose sur des pratiques et des postulats plus fragiles qu'ils n'en non l'air.
De leurs projets, de leurs réalisations, les artistes transmettent la possibilité que toute chose puisse à un moment, devenir autre.
De nécessités en contingences, les oeuvres sont ainsi en permanentes mutations.
Au cours de la création et des expériences menées, chacun des artistes peut avoir senti que ces recherches et productions dérivent, cherchent, et proposent de façon fortuite des formes inattendues, mais possibles.
C'est autour de Ce qui aurait pu ne pas être, [3] que nous vous proposons cette exposition. C'est le pari que nous avons soumis aux artistes réunis ici, montrer des créations qui sont pour eux un pas de côté dans leur production.
Montrer ce qui serait inhabituel à un moment de leur recherche.



